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Pour répondre aux grands défis de protection de la montagne, Mountain Wilderness œuvre au sein de 3 champs d'action à la croisée de la protection de l'environnement et de l'émergence de nouveaux modèles de vie pour les êtres humains.
découvert par https://www.quechoisir.org/enquete-pollution-des-montagnes-des-benevoles-a-l-assaut-des-dechets-n172148/
Reportage - Une autre pollution, moins visible
En juin, 2 tonnes de barbelés ont été évacuées dans la vallée de la Clarée, près de Briançon (05). Nous avons participé au chantier.
Autre association, autre mission. Chez Mountain Wilderness, on s’est fait une spécialité de démonter des installations humaines laissées à l’abandon. Ici, un vieil abri pastoral, là, les restes d’un ancien téléski, là encore, d’antiques poteaux électriques. « Il nous est même arrivé d’extraire des carcasses d’un hélicoptère et d’un planeur qui s’étaient écrasés », se souvient Rémy Bernade, le délégué du département des Hautes-Alpes et le secrétaire général de l’association qui encadre l’événement. Néanmoins, ce que Mountain Wilderness retire le plus souvent, ce sont des fils barbelés et les cornières les soutenant. Ils ont été déployés pendant la Seconde Guerre mondiale par les armées, dans le but de ralentir les attaques ennemies. Or, 80 ans plus tard, une grande partie est toujours en place. Alors, depuis 2001, l’ONG organise six à sept opérations de démontage chaque année. Le 28 juin dernier, nous avons participé à l’une d’entre elles sur la commune de Val-des-Prés, à 8 km au nord de Briançon. Une trentaine de bénévoles âgés de 18 à 74 ans ont répondu présent. Après un mot de bienvenue, le rappel des consignes de sécurité et la distribution du matériel (gants, coupe-boulons, meuleuses, claies de portage…), ils se sont lancés à l’assaut des pentes abruptes du ravin de l’Enrouye. Pendant huit heures, ils ont coupé, tiré, dégagé du barbelé enseveli sous des pierres et des troncs d’arbres au gré des mouvements de terrain. À chaque fois, ils ont réalisé des petits fagots, qu’ils ont descendus à dos d’homme jusqu’à une benne installée 250 m plus bas par un ferrailleur local. Entre cinq et sept allers-retours ont été nécessaires. « J’aime skier et faire de grandes randonnées. C’est important pour moi de préserver ce bien commun », explique Ariane, 74 ans. Thomas, lui, revient aider après avoir fait une pause de quelques années afin d’élever ses enfants. « On ne peut pas laisser sur place ces débris qui dénaturent la montagne et blessent les animaux », estime-t-il. En une journée, près de 2 tonnes de barbelés ont été enlevées.
Plusieurs mois de préparation
Une telle opération ne s’improvise pas. Des mois auparavant, une équipe de Mountain Wilderness s’est rendue sur les lieux signalés par des promeneurs. Elle devait vérifier la présence des déchets et évaluer la faisabilité du chantier. « C’est cependant après que le plus dur a commencé, quand il a fallu obtenir toutes les autorisations nécessaires », sourit Rémy Bernade. Celles de la commune et du propriétaire du terrain, bien sûr, mais aussi celles de la Direction départementale des territoires (DDT) et de la Direction régionale des affaires culturelles (Drac). Et, enfin, pour cette zone fragile, celles de l’inspection des sites classés et du réseau Natura 2000. « Ici, par exemple, nous n’avons pas le droit d’évacuer les débris par hélicoptère, comme nous procédons parfois, car cela aurait perturbé des aigles qui nichent à proximité, poursuit Rémy Bernade. Il arrive, en outre, que des autorisations nous soient refusées parce qu’un inspecteur estime que les équipements revêtent un intérêt patrimonial. » Il restait ensuite à organiser le chantier proprement dit : mobiliser les bénévoles, instaurer le covoiturage, réunir le matériel nécessaire… « On nous dit souvent que c’est compliqué de lancer de telles actions. Nous, on veut montrer que c’est possible », soutient Jean Gaboriau, un représentant local de l’association. L’opération « Installations obsolètes » aura, en outre, fait évoluer la législation. Ainsi, en 2017, la loi Montagne 2 a introduit l’obligation, pour les exploitants de remontées mécaniques mises en service à partir de cette date-là, de prévoir leur démontage une fois en fin de vie… Aussi étonnant que cela paraisse, ce n’était pas le cas auparavant.