2290 liens privés
Certains ingrédients présents dans les crèmes à visée cosmétique augmentent les effets du soleil sur la peau et, par là même, le risque de taches ou de brûlures. Des précautions s’imposent.
Antirides, hydratant, exfoliant, antitaches, anti-imperfections… Ces différentes vertus sont obtenues grâce à des actifs cosmétiques intégrés aux produits à appliquer sur la peau. Certains d’entre eux sont dits photosensibilisants, car ils augmentent la sensibilité de la peau aux rayons du soleil. Deux mécanismes principaux sont à l’œuvre : une fragilisation de la peau, notamment via la détérioration de la barrière cutanée, et la composition même du produit, qui interagit avec les rayons UV. En conséquence, la peau rougit, voire brûle. Un comble quand on voulait justement l’embellir !
Le rétinol
C’est l’autre nom de la vitamine A. Le rétinol et ses dérivés, les rétinoïdes, sont utilisés pour leur action antioxydante et kératolytique, c’est-à-dire qui élimine la couche de kératine de la peau. Cet actif stimulerait aussi la production de collagène. Il est très en vogue contre l’acné, les rides et ridules ou même l’eczéma. Mais son effet exfoliant a pour conséquence de rendre la peau plus fine, plus fragile, et donc plus vulnérable aux méfaits du soleil.
Les acides exfoliants
« Ces produits, un peu à la mode actuellement, visent à se débarrasser des imperfections du visage (taches, acné, petites cicatrices). Pour cela, ils décapent la première barrière cutanée, rendant la peau plus fragile », explique le dermatologue Erwin Benassaia. Il s’agit des alpha-hydroxy-acides (AHA) tels que l’acide glycolique, l’acide lactique, l’acide citrique et l’acide malique, et des bêta-hydroxy-acides (BHA) tels que l’acide salicylique, utilisé contre l’acné, les pellicules ou comme conservateur.
Le peroxyde de benzoyle
Antibactérien et exfoliant, c’est un antiacné puissant, avec une action kératolytique et anti-inflammatoire. Il est présent dans les médicaments contre l’acné sous forme de pommade, tels que Curaspot, Cutacnyl ou Acuspot. Certains sont uniquement sur ordonnance quand d’autres, contenant 5 % de peroxyde de benzoyle ou moins, sont en vente libre. La notice fait état du risque de photosensibilisation.
→ Avec l’application QuelProduit, vérifiez la composition de vos produits cosmétiques
L’hydroquinone
Cet agent éclaircissant agit sur l’hyperpigmentation et les taches brunes en réduisant la production de mélanine. Or, ce pigment responsable de la coloration de la peau est aussi sa protection contre les UV. Interdite dans les cosmétiques, l’hydroquinone existe encore sur prescription médicale (elle est notée « méquinol »). Elle est aussi vendue illégalement pour se blanchir la peau.
Les huiles essentielles
Certaines huiles essentielles, notamment d’agrumes (citron, pamplemousse, orange, bergamote…) contiennent des furocoumarines, qui sont des substances photosensibilisantes. Leur application est déconseillée en journée, au risque de voir apparaître des taches pigmentaires. Pour les repérer, regardez dans la liste des ingrédients. Attention, elles ne sont pas toujours notées « essential oil », mais peuvent être notées « fruit oil » ou « leaf oil » selon la partie de la plante utilisée. On peut aussi les repérer indirectement grâce à leurs allergènes, dont la présence doit toujours être mentionnée, qui figurent en toute fin de liste : géraniol, limonène, linalol, etc.
Bon à savoir Essentielles ou non, les huiles ne font en général pas bon ménage avec le soleil, car elles créent un effet loupe qui renforce le danger des UV. Souvenez-vous de l’huile de monoï ou de la graisse à traire pour bronzer, dont l’usage est heureusement aujourd’hui tombé en désuétude.
Mieux se protéger
Appliquer de la crème solaire par-dessus les cosmétiques contenant des actifs photosensibilisants ne suffit souvent pas. Aussi, il vaut mieux éviter ce genre de produit en été et lors des périodes de fort ensoleillement. Si nécessaire, les appliquer uniquement le soir, avant le coucher. Sans oublier de protéger la peau en journée avec un chapeau et en renouvelant régulièrement l’application d’une crème solaire d’indice suffisant.
Et dans les parfums ?
Dans les années 1960, les eaux de Cologne et les parfums avaient engendré des cas de « dermite du parfum », des taches liées à des substances photosensibilisantes. Aujourd’hui, la réglementation a évolué et les formules sont censées ne plus en contenir. Attention toutefois à l’alcool des parfums, qui peut simplement dessécher la peau.
Notre test sur une sélection de références montre que la plupart des crèmes solaires sont utilisables deux étés de suite.
En résumé
La majorité des crèmes solaires peuvent être réutilisées l'été suivant si elles ont été conservées correctement et que leur aspect (odeur, texture) n'a pas changé.
Il est crucial de vérifier l'absence de signes de dégradation avant réutilisation et d'éviter d'utiliser les crèmes contenant de l'octocrylène l'année suivante en raison de la formation d'un composé toxique.
Les jours rallongent, les plages se remplissent et la peau s’expose après plusieurs mois d’hibernation... Mais voilà, mauvaise surprise pour vous. Une éruption cutanée a gâché vos premiers bains de soleil. Sur le décolleté, les épaules ou les avant-bras, vous vous démangez fortement et des petits boutons rouges rosés sont apparus. Il s’agit peut-être de la lucite estivale, la plus fréquente des allergies solaires.
Chaque année, en France, près de 900.000 personnes seraient concernées selon les chiffres de la Société française de dermatologie (SFD). Le Dr Thomas Hubiche, dermatologue et vénérologue au CHU de Nice nous éclaire sur cette allergie bénigne et fréquente.
Qu’est-ce que la lucite estivale?
Il s’agit d’une réaction inflammatoire de la peau. La réponse immunitaire est retardée et c’est pourquoi les premiers signes apparaissent plusieurs heures après l’exposition au soleil. Il s’agit d’une dermatose estivale – bénigne et transitoire – qui régresse au cours de l’été. En revanche, cette maladie à tendance à récidiver, chaque année, dès l’arrivée des beaux jours.
Pourquoi cette réaction de la peau?
L’exposition aux UV – et plus particulièrement aux UVA (1) du soleil – va déclencher, chez certaines personnes, une réaction inflammatoire.
La lucite estivale peut toucher le visage, le décolleté et les avant-bras ou les bras. Le visage étant exposé tout au long de l’année aux UV, les réactions sont moins intenses que sur les zones non exposées l'hiver.
Qui est concerné?
Cette allergie touche plutôt les phototypes clairs. Cette réaction inflammatoire est par ailleurs 4 fois plus fréquente chez la femme jeune que chez l’homme jeune. Les raisons sont principalement hormonales.
Quels sont les symptômes? Ils apparaissent environ douze heures après l’exposition au soleil. Il s’agit de lésions papuleuses (boutons) inflammatoires et en relief, siégeant sur les zones exposées. La lucite estivale n’est pas douloureuse mais elle occasionne de fortes démangeaisons qui s’estompent après quelques jours. D’autres maladies de la peau peuvent être déclenchées par le soleil mais les signes cliniques et l’évolution dont le caractère transitoire permettent de confirmer le diagnostic de lucite estivale bénigne.
Peut-on avoir cette allergie sans coup de soleil?
Oui, tout à fait. Il s’agit de deux réactions totalement différentes. Le coup de soleil est induit par les UVB et correspond à un érythème continu sur les zones photo exposées avec des sensations de brûlure. En revanche, la lucite estivale se caractérise par des intervalles de peaux saines et des démangeaisons et elle est provoquée par les UVA.
Quels sont les risques pour la peau et la santé?
Il s’agit d’une dermatose bénigne. Il n’y a donc pas de danger pour la santé.
Comment prévenir cette allergie?
Le traitement proposé en première intention est une photoprotection. Cela associe un écran solaire (SPF50) couvrant bien les UVA ainsi qu’une protection vestimentaire. En effet, rappelons que les UVA passent à travers les vitres mais pas à travers les habits. Dans les formes les plus sévères, un antipaludéen de synthèse, peut être proposé. De plus, il est conseillé – en plus des mesures de photoprotection – lors du début de la période estivale de réaliser une exposition très progressive au soleil.
Est-ce que les compléments alimentaires aident à prévenir cette allergie?
Des antioxydants tel que les bêta-carotènes peuvent être proposés mais le niveau de preuve de leur efficacité est faible.
Les symptômes de cette allergie peuvent-ils s’améliorer?
Dans la grande majorité des cas, la lucite estivale bénigne s’améliore avec l’âge, notamment après la ménopause chez la femme.
- Les rayons UVA accélèrent le vieillissement de la peau. Le coup de soleil est principalement induit par les UVB
Quelles différences avec les autres allergies ?
L’urticaire solaire.
Il s’agit d’une réaction immédiate qui survient très rapidement après l’exposition aux UV, en quelques minutes.« Une poussée d’urticaire solaire peut être accompagnée d’une sensation de malaise. Les signes cliniques régressent rapidement dès que le patient n’est plus exposé aux UV. L’urticaire solaire est beaucoup plus rare que la lucite estivale bénigne. »
La photosensibilisation.
Les réactions surviennent après exposition au soleil mais nécessite la présence sur la peau ou dans l’organisme de substanceschimiques telles que certains médicaments ou certaines plantes. « L’exposition aux UV va modifier cette molécule et entraîner chez certaines personnes une réaction immunitaire inflammatoire ou toxique », précise le dermatologue.
La lucite polymorphe.
Comme la lucite estivale, il s’agit d’une réaction immunitaire au soleil. En revanche, la lucite polymorphe ne s’améliore pas avec la répétition de l’exposition aux UV.